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fainéants. Le souverain, revenant à la pensée des donateurs, mais ne voulant pas dès ce moment trancher la question de l’utilité ou de l’inutilité de la religion, décida que le revenu de l’Église serait à l’avenir en raison du service fait ; que ceux-là seuls parmi les clercs seraient rémunérés, qui rempliraient une fonction paroissiale. Certes, la Constituante eût été en droit de se montrer plus rigoureuse. L’Église s’étant mise elle-même hors la révolution, comme elle a fait depuis 1848, il y avait lieu de lui retirer à la fois et les propriétés et le traitement. Bien loin qu’on indemnisât le clergé, on n’eût été que juste en le poursuivant, pour ses menées contre-révolutionnaires, en dommages-intérêts. La Constituante usa de modération ; elle supposa, plus qu’il n’était vrai, que le culte était encore une institution nécessaire. Elle en avait besoin pour son propre gouvernement.

Le progrès des idées, la conscience publique rassérénée, l’hostilité de plus en plus déclarée d’un sacerdoce qui ne souffre ni raison philosophique, ni liberté politique, ni progrès social ; qui ne connaît que la charité pour réparation de l’inégalité, ajoutant ainsi l’injure de la Providence à l’injustice du Hasard ; qui se meurt de la diffusion des sciences, et de l’augmentation du bien-être, nous obligent à faire plus.

J’accorde que le culte doit être libre, que de plus celui qui sert à l’autel doit vivre de l’autel. Mais j’ajoute, pour faire justice exacte, que c’est au participant du sacrifice à payer le sacrificateur. Le budget des cultes supprimé, les 41 millions dont il se compose déduits des cotes communales, les fondations perpétuelles et immobilières interdites, les acquisitions faites par le parti prêtre depuis 1789 placées sous le séquestre, tout rentre dans l’ordre : c’est aux