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que la foi de mes pères opposa à Dieu et à l’Église ! Je porterai la parole, et je ne te demande rien……

Je sais bien qu’il en est de la religion comme de la politique ; qu’il ne suffit pas d’en démontrer la nullité et l’impuissance ; qu’il faut encore, après l’avoir réduite à néant, en combler la lacune. Je sais que ceux qui demandent ce que nous mettons à la place du Gouvernement, ne manqueront pas de nous demander encore ce que nous mettons à la place de Dieu.

Je ne recule devant aucune difficulté. Je déclare même, dans la sincérité de ma conviction, à la différence des anciens athées, que tel me paraît être, en effet, le devoir de la philosophie. Je conviens que de même qu’il ne suffit, pas d’abroger le Gouvernement, si on ne le remplace par autre chose, de même nous ne viendrons à bout d’expulser Dieu, qu’en dégageant l’inconnue qui, dans l’ordre des conceptions humaines et des manifestations sociales, lui succède.

Or, sans que je veuille quant à présent m’occuper de cette substitution, qui ne voit déjà qu’elle serait singulièrement avancée, si l’insuffisance théorique et pratique du principe divin, si son inconvenance économique, si son incompatibilité avec la révolution actuelle, était devenue pour tout le monde une vérité ? Qui ne voit que la nouvelle Thèse se ferait d’autant mieux concevoir et d’autant plus vite, que son analogue aurait été plus universellement compris, c’est-à-dire, que la théorie du libre contrat, qui remplace la théorie gouvernementale, aurait été plus tôt vulgarisée, et conséquemment la nécessité de cette équation rendue plus frappante : L’Être suprême est à X, comme le régime gouvernemental est au régime industriel ?

De même que toute négation dans la société implique affirmation subséquente, de même, à contrario,