Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en donnant des sérénades à l’Être-Suprême, et enseignant au peuple le catéchisme de l’autorité. Il mérita que l’Empereur, qui s’y connaissait, dît de lui : Cet homme avait plus de suite qu’on ne croit ! La suite de Robespierre, c’était tout simplement de rétablir l’autorité par la religion, et la religion par l’autorité. Huit ans avant le premier consul, Robespierre, célébrant des auto-da-fé À la gloire du grand Architecte de l’Univers, rouvrait les églises et posait les bases du Concordat. Bonaparte ne fit que reprendre la politique du pontife de prairial. Mais comme le vainqueur d’Arcole avait peu de foi à l’efficacité des dogmes maçonniques, que d’ailleurs il ne se sentait pas de force à fonder, à l’exemple de Mahomet, une nouvelle religion, il se borna à rétablir l’ancien culte, et conclut pour cet objet un traité avec le pape.

Depuis lors, la fortune de l’Église commença de se refaire ; ses acquisitions, ses empiétements, son influence, ont marché du même pas que les usurpations du Pouvoir. C’était logique : l’élément le plus ancien du Gouvernement, le boulevard de l’autorité, est sans contredit le culte. Enfin la Révolution de février a porté au comble l’orgueil et les prétentions du clergé. Il s’est trouvé des disciples de Robespierre qui, à l’exemple du maître, invoquant la bénédiction de Dieu sur la République, l’ont pour la seconde fois livrée aux prêtres : malgré les murmures de la conscience populaire, on ne sait plus aujourd’hui lesquels ont le plus de pouvoir en France des jésuites ou des représentants.

Il faut pourtant que le catholicisme s’y résigne : l’œuvre suprême de la Révolution, au dix-neuvième siècle, est de l’abroger.

Je ne dis point ceci par esprit d’incrédulité ou de