Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce serait à l’étranger de se tenir en garde sur ses ventes.

Or, comment une nation renoncerait-elle à vendre ? Une telle hypothèse répugne ; avec le développement universel de l’industrie et la division du travail entre les peuples, elle implique contradiction.

Pour rétablir la balance et se protéger lui-même contre cette tactique mercantile, l’étranger serait donc obligé d’abolir ses propres douanes, de réformer sa Banque, de constituer chez lui la valeur, d’émanciper ses prolétaires, en un mot, de se mettre en révolution. Le libre échange devenant alors l’égal échange, la diversité des intérêts entre les nations se ramenant peu à peu à l’unité, on verrait poindre le jour où la guerre cesserait entre les nations, comme les procès entre les citoyens, par l’absence des litiges et l’impossibilité des conflits…


Je ne puis, sans sortir des bornes que j’ai dû me prescrire, donner plus d’étendue à cet exposé de l’organisme industriel, surtout en ce qui concerne l’application du nouveau principe d’ordre, le libre contrat. Ceux de mes lecteurs qui ont suivi, depuis une dizaine d’années, le progrès de la critique révolutionnaire, suppléeront facilement à la brièveté de mes paroles. En reprenant la série des négations économiques, ils n’auront pas de peine à dégager les affirmations et reconstruire la synthèse.

C’est aux jurisconsultes républicains, c’est aux Crémieux, aux Michel (de Bourges), aux Martin (de Strasbourg), aux Jules Favre, aux Marie, aux Bethmont, aux Grévy, aux Dupont (de Bussac), aux Marc-Dufraisne, aux Ledru-Rollin, à frayer à l’esprit du siècle cette route nouvelle, en développant la formule révolution-