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néraux de l’ancienne révolution, sauront renouveler la tactique industrielle et organiser la victoire du prolétariat.

Ainsi l’aspect général de la révolution commence à se dessiner : déjà cet aspect est grandiose.

D’un côté voici les paysans, maîtres enfin du sol qu’ils cultivent, et où leur volonté est de prendre racine. Leur masse énorme, indomptable, ralliée par une commune garantie, unie d’un même intérêt, assure à jamais le triomphe de la démocratie et la solidité du Contrat.

D’autre part, ce sont ces myriades de petits fabricants, artisans, marchands, volontaires du commerce et de l’industrie, travaillant isolément ou par petits groupes, les plus mobiles des êtres, qui préfèrent à la souveraineté du sol leur incomparable indépendance, sûrs d’avoir toujours une patrie là où ils trouvent du travail.

Enfin apparaissent les compagnies ouvrières, véritables armées de la révolution, où le travailleur, comme le soldat dans le bataillon, manœuvre avec la précision de ses machines ; où des milliers de volontés, intelligentes et frères, se fondent en une volonté supérieure, comme les bras qu’elles animent engendrent par leur concert une force collective, plus grande que leur multitude même.

Le cultivateur, par la rente et l’hypothèque, était resté courbé sous le servage féodal. Par la banque foncière, et surtout par le droit du colon à la propriété, il est rendu libre. La terre devient la base, immense en largeur et profondeur, de l’égalité.

De même, par l’aliénation de la force collective, le salarié de la grande industrie s’était ravalé à une condition pire que celle de l’esclave. Mais par la recon-