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reste à voir les qualités qu’elle a dû acquérir. C’est ici surtout que j’appelle l’attention de mes lecteurs, notamment des communistes, que je prie de bien peser la différence qu’il y a entre l’association, c’est-à-dire le gouvernement et le contrat.

Si la propriété foncière, comme quelques-uns le proposent, revenait à l’État ; si par conséquent elle s’immobilisait dans ses mains, ne laissant plus hors de lui que des cultivateurs associés ou fermiers, il arriverait que la propriété, non-seulement comme droit, comme principe juridique, mais aussi comme valeur, aurait disparu.

En effet, supposez que, dans l’état actuel des choses, le Gouvernement ordonne un inventaire général de la richesse, mobilière et immobilière, du Pays. Après avoir porté en compte l’argent, les marchandises en magasins, les récoltes sur pied, les meubles et instruments de travail, les maisons et les usines, on ajouterait les terres, les immeubles, ce qu’on nomme vulgairement les propriétés. Et l’on dirait : la propriété foncière vaut 80 milliards, qui, ajoutés à 50 milliards de produits, marchandises, etc., forment un total de 130 milliards.

Dans le système de l’affermage universel, au contraire, ces 80 milliards de valeurs en propriétés devraient être retranchés de l’inventaire : attendu que ne se vendant et ne s’échangeant point, n’entrant en comparaison avec aucune autre valeur, appartenant à tout le monde, ce qui veut dire à personne, elles ne pourraient à aucun titre, pas plus que l’air et le soleil, figurer dans l’avoir de la nation.

On me dira peut-être que ce n’est là qu’une subtilité de comptable, qui n’affecte en rien la richesse réelle, le bien-être positif du Peuple. Erreur : le