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SIXIÈME ÉTUDE.




organisation des forces économiques.

Rousseau a dit vrai : Nul ne doit obéir qu’à la loi qu’il a lui-même consentie ; et M. Rittinghausen n’a pas moins raison quand il prouve en conséquence, que la loi doit émaner directement du souverain, sans intermédiaire de représentants.

Mais où les deux écrivains ont également failli, c’est à l’application. Avec le suffrage ou vote universel, il est évident que la loi n’est ni directe ni personnelle, pas plus que collective. La loi de la majorité n’est pas ma loi, c’est la loi de la force ; par conséquent le gouvernement qui en résulte n’est pas mon gouvernement, c’est le gouvernement de la force.

Pour que je reste libre, que je ne subisse d’autre loi que la mienne, et que je me gouverne moi-même, il faut renoncer à l’autorité du suffrage, dire adieu au vote comme à la représentation et à la monarchie. Il faut supprimer, en un mot, tout ce qui reste de divin dans le gouvernement de la société, et rebâtir l’édifice sur l’idée humaine du Contrat.

En effet, lorsque je traite pour un objet quelconque avec un ou plusieurs de mes concitoyens, il est clair qu’alors c’est ma volonté seule qui est ma loi ; c’est