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que par le chemin de fer ou par le roulage, vous n’en tournez pas moins le dos à Bayonne.

Supposez que la Banque hypothécaire de MM. Flandin, Pougeard, etc., à 3 p. %, existe : au bout de quelque temps, par ses émissions, cette banque sera devenue la régulatrice de l’hypothèque, et généralement de l’intérêt, qui s’abaissera de toutes parts à mesure que s’étendra l’influence de l’institution.

Supposez encore que cette Banque borne ses émissions, c’est-à-dire la quotité de ses crédits, à 500 millions par an : le total des dettes, publiques, communales et privées, étant par hypothèse de 25 milliards, en moins de cinquante ans le roulement de la Banque aura entièrement absorbé cette masse, à moins que les prêteurs actuels ne maintiennent leurs titres par la prolongation des échéances et la réduction volontaire de leurs intérêts.

D’après ce calcul, la révolution du crédit, dans la mesure de 9 à 3 p. %, s’accomplirait en un demi-siècle.

Préférez-vous, au contraire, continuer l’ancien régime et le fortifier encore ? Le moyen est simple. Ne faites rien ; repoussez, comme a fait la majorité de la Constituante, tous les projets relatifs au crédit. Les dettes s’accumulant toujours, le Pays sera écrasé, la propriété ruinée, le travail dompté ; la Nation avec l’État s’enfoncera dans l’esclavage, jusqu’à ce qu’elle en sorte par le moyen ordinaire, la banqueroute.

Ainsi, point de milieu entre la Réaction et la Révolution. Mais la Réaction est mathématiquement impossible : nous ne sommes pas libres de ne pas nous révolutionner, nous n’avons de choix que pour la vitesse. Je préfère, quant à moi, la locomotive.

Mon avis est donc d’en user pour la dette privée