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mieux dire, la rente à recevoir devenant insignifiante pour les titulaires, et la demande de remboursement se faisant par eux-mêmes, l’État aurait à servir, non plus des intérêts, mais des annuités. La force des choses, indépendamment de toute sollicitation de l’État, amènerait cette situation.

Il s’agit maintenant, au lieu d’attendre le mouvement, d’aller au-devant de lui, de le provoquer, de faire servir à l’acquittement rapide et définitif des dettes de l’État toute la faculté que lui assure son droit, toute la puissance que lui fournit l’institution d’une Banque nationale.

J’observe d’abord, comme je l’ai fait tout à l’heure, que, quelque parti qu’on choisisse, qu’on se résigne à attendre les effets de la réduction de l’intérêt à l’escompte, offres de capitaux, demandes d’inscriptions, etc., ou qu’on prenne l’initiative des conversions, la tendance du Budget, conséquemment celle du Pays, en ce qui concerne cette partie de l’organisme politique, aura été changée ; et qu’une fois en train de payer nos dettes au lieu de les aggraver continuellement, nous serons dans la voie révolutionnaire. La différence de rapidité dans la marche à suivre, le quantum des réductions à opérer, ne touche pas au principe ; et c’est le principe, c’est la tendance qu’il faut surtout considérer.

Voulez-vous augmenter vos dettes ? c’est de la Réaction. En ce cas, point de Banque nationale, point de réduction de l’intérêt. Liberté entière à l’agiotage, concession à perpétuité du privilége de la Banque de France, consolidation périodique de la dette flottante, emprunts de l’État à 25, 30, 40 au-dessous du pair, etc.

Voulez-vous, au contraire, diminuer vos dettes ?