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ses fonctionnaires : vous aurez le total des redevances de l’État, en dehors de tout service, 400 millions.

Or, de cela seul que l’État, en se faisant emprunteur, a fondé une caisse d’amortissement, qui a pour but avoué de le libérer, il s’ensuit déjà qu’il y a tendance et désir de l’État à s’exonérer ; je dis plus, l’État a droit, droit naturel, inhérent à sa qualité de débiteur, et moyennant remboursement, de poursuivre son exonération.

Les intérêts de la dette sont constitués aux taux de 5, 4 ½, 4 et 3 p. %. — Cela prouve encore que, selon les circonstances, l’État, comme tous les emprunteurs, subit des conditions plus ou moins onéreuses, et que s’il trouvait la possibilité d’emprunter à un taux inférieur, il aurait la faculté d’en user.

En effet, qui dit rente perpétuelle, dit dette non exigible par le créancier, mais remboursable à volonté par le débiteur : les praticiens de la finance reconnaissent généralement que telle est la condition de l’État vis-à-vis des rentiers.

Si donc, par le premier décret que nous avons fait rendre aux Représentants de 1852, le crédit était organisé démocratiquement par toute la République, et l’intérêt de l’argent à la Banque nationale réduit de 4 à 3 p. % : par suite de cette concurrence faite aux banquiers, il y aurait affluence de capitaux à la Bourse et demande de placements sur l’État, qui serait maître alors de remplacer une partie de ses rentes à 5, 4 ½ et 4 p. % par des rentes à 3 ; c’est ce qu’on appelle une conversion. Si l’intérêt à la Banque était réduit à 1/2 ou 1/4 p. %, la facilité du remboursement croîtrait pour l’État dans une proportion analogue. Au bout d’un certain temps, il aurait converti toute la dette, diminué la rente annuelle de sept huitièmes ; ou pour