Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.

leur au nom, à l’exemple et sous le patronage de la République. Mettez la Banque du peuple aux mains du Gouvernement : et sous prétexte de ménager à l’État les produits de l’escompte en compensation d’autres impôts, on créera à la charge du Peuple de nouvelles sinécures, de gros traitements, des gaspillages inconnus ; on favorisera de nouveau l’usure, le parasitisme et le privilége. Non, non, je ne veux pas de l’État, même pour serviteur ; je repousse le Gouvernement, même direct ; je ne vois dans toutes ces inventions que des prétextes au parasitisme et des retraites pour les fainéants.

Tel serait mon premier acte révolutionnaire, celui par lequel je procéderais à la liquidation de la société.

Qu’y trouvez-vous d’injuste et de violent ? Vous paraît-il empreint de despotisme, ou marqué au coin de la liberté ? N’y reconnaissez-vous pas l’expression du principe organique, la réciprocité, le contrat ? Les commerçants, fabricants, industriels, agriculteurs, etc., auront-ils à s’en plaindre ? Une fois le décret rendu par l’Assemblée nationale, — car pourquoi ne me servirais-je pas pour changer les choses des choses mêmes ? — l’institution fondée, le conseil d’administration élu, qu’est-ce que la Banque du peuple pourrait avoir de commun avec le Gouvernement ? Et quant à cette fameuse centralisation dont on paraît si fier et si jaloux, celle qu’aurait créée, entre toutes les communes, industries et corporations, l’égalité du taux de l’intérêt, à 3, à 2, à 1, ou 1/2 p. %, ne vous semble-t-elle pas supérieure à celle qui résulterait, dans le même ordre d’intérêts, de la haute prépondérance de la Banque centrale, présidée par le ministre des finances, sur tous les travaux agricoles et industriels ? Sachez-le donc, politiques de routine, la vraie centra-