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gent, sur tout le territoire de la République, sera immédiatement, ipso facto, changée, et que ce simple changement aura fait passer le Pays du statu quo capitaliste et gouvernemental, à l’état révolutionnaire.

Eh bien ! est-ce quelque chose de si effrayant qu’une révolution ?

Que si à présent l’on me demande à quel chiffre je pense, en mon particulier, que doive être poussée tout d’abord la réduction de l’intérêt, je n’hésite point à répondre : au chiffre rigoureusement nécessaire pour couvrir les frais d’administration et d’usure des métaux, soit 1/2 ou 1/4 p. % ; et tel est le second article que je propose d’ajouter au décret.

Je ne discuterai point ici les raisons de ce sentiment, qui m’a été longtemps personnel. Je les ai données ailleurs. Quant à présent, je ne m’occupe ni d’économie politique, ni de finance, ni de morale ; je fais purement et simplement de la révolution. C’est pourquoi, tout en prenant la liberté d’exprimer à l’avance mon opinion en ce qui touche la pratique, j’insiste principalement sur le principe. Le jour où vous aurez décrété la démocratisation de la Banque et la réduction de l’intérêt, ce jour-là vous serez entré dans la voie révolutionnaire.

Toutefois, je ne puis me dispenser de toucher en passant une considération essentielle. Si je désire ne payer aucun intérêt à la Banque, c’est que l’intérêt est à mes yeux une pratique gouvernementale, féodale, dont nous ne parviendrions jamais à nous délivrer, si la Banque du Pays devenait une Banque d’État. Pendant longtemps le Socialisme n’a rêvé que Banque d’État, Crédit de l’État, revenus et bénéfices de l’État ; ce qui voulait dire : consécration démocratique et sociale du principe spoliateur ; exploitation du travail-