Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La même promesse de vente ou d’échange réciproque, sous les mêmes conditions légales, peut exister entre un nombre illimité de producteurs : ce sera le même contrat, répété un nombre illimité de fois.

Les citoyens français ont donc le droit de s’entendre, et au besoin donc se cotiser, pour la fondation de boulangeries, boucheries, épiceries, etc., qui leur garantissent la vente et l’échange à prix réduit, et en bonne qualité, du pain, de la viande, de tous les objets de consommation, que l’anarchie mercantile leur livre à faux poids, faux titre, et prix exorbitant. C’est dans ce but que s’est fondée la Ménagère, société d’assurance mutuelle pour le juste prix et l’échange véridique des produits.

Par la même raison lesdits citoyens ont le droit de fonder, pour leur commun avantage, une Banque, au capital qu’il leur plaira, dans le but d’obtenir à bas prix le numéraire indispensable à leurs transactions, et même de faire concurrence aux Banques particulières et privilégiées. En traitant entre eux pour cet objet, ils ne feraient qu’user du droit qui leur est garanti par le principe de la liberté du commerce et les articles 1589 et 1703 du Code civil, qui en sont l’interprétation.

Ainsi une Banque d’escompte peut être l’objet d’un établissement public, et pour fonder cet établissement il n’est besoin ni d’association, ni de fraternité, ni de solidarité, ni d’intervention de l’État : il ne faut qu’une promesse réciproque de vente ou échange, en un mot un simple contrat.

Ceci posé, je dis que non-seulement une Banque d’escompte peut être l’objet d’un établissement public, mais qu’il y a nécessité que cela soit : voici mes preuves.