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pour le direct, ni pour l’absolu ; je suis du juste-milieu. Au fait, il est douteux qu’à l’exception de quelques girondins artistes, sacrifiés après le 31 mai, de quelques montagnards à la foi naïve que la Convention immola à la suite des journées de prairial, il y eût dans cette assemblée un seul républicain. La plupart partageaient, avec des nuances insensibles, les idées de Robespierre, qui étaient celles de 91 et servirent à la constitution du Directoire. C’est ce qui parut surtout au 9 thermidor.

Aucun historien, que je sache, n’a donné une explication satisfaisante de cette journée, qui fit d’un apostat de la démocratie un martyr de la révolution. La chose est pourtant assez claire.

Robespierre s’étant débarrassé successivement par la guillotine des factions anarchiques d’alors, les enragés, les hébertistes, les dantonistes, de tous ceux enfin qu’il soupçonnait de prendre au sérieux la Constitution de 93, crut que le moment était venu de frapper un dernier coup, et de rétablir sur ses bases normales le Gouvernement indirect. Ce furent ces vues de restauration gouvernementale, condamnées aujourd’hui par l’expérience, qui valurent dans le temps à Robespierre une sorte de succès auprès des puissances coalisées. Ce qu’il demandait à la Convention, le 9 thermidor, était donc, après épuration préalable, et par la guillotine toujours, des Comités de salut public et de sûreté générale, une plus grande concentration des pouvoirs, une direction plus unitaire du Gouvernement, quelque chose enfin comme la présidence de Louis Bonaparte. Cela est prouvé par la suite de ses discours, reconnu par ses apologistes, notamment par MM. Buchez et Lebas, et acquis désormais à l’histoire.

Robespierre savait parfaitement qu’il répondait aux