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ple leur portait ses économies ; M. Arago, un républicain solide, votait pour elles. On ne savait pas alors ce que c’est que des compagnies ! L’État l’emporte maintenant : le peuple, toujours aussi bien renseigné, lui donnera, c’est indubitable, la préférence. Or, quelque parti qu’il prenne, le législateur souverain ne sera encore ici que le mannequin d’ambitieux d’une autre espèce. Avec les compagnies, le bon marché est compromis, le commerce mis à rançon ; avec l’État le travail n’est plus libre. C’est le système Méhémet-Ali appliqué aux transports. Quelle différence y a-t-il, pour le pays, à ce que les chemins de fer engraissent des traitants, ou fournissent des sinécures aux amis de M. Rittinghausen ?…… Ce qu’il faudrait, ce serait de faire des chemins de fer une propriété nouvelle ; ce serait de perfectionner, en l’appliquant aux chemins de fer, la loi de 1810 relative aux mines, et de concéder les exploitations, sous des conditions déterminées, à des compagnies responsables, non de capitalistes, mais d’ouvriers. Mais la législation directe n’ira jamais jusqu’à émanciper un homme : sa formule est générale ; elle asservit tout le monde.

Comment l’État exécutera-t-il le chemin ? Est-ce en levant les sommes nécessaires par un impôt ? — Est-ce en faisant un impôt à 8 ou 10 pour 100 chez les banquiers ? — Ou enfin, est-ce en décrétant une émission de bons de circulation, garantis sur le chemin de fer même ?

Réponse : En faisant une émission de bons de circulation.

J’en demande pardon à M. Rittinghausen : la solution qu’il donne ici au nom du peuple, bien que fort en crédit dans la démocratie, n’en vaut pas mieux pour autant. Il peut très-bien arriver, et cela est fort probable, que les bons émis perdent à l’escompte 5,