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vous avez un respect si scrupuleux pour sa volonté souveraine, sachez la respecter ; remplissez la mission qu’il vous a confiée. C’est se jouer de la majesté du souverain, que de lui renvoyer une affaire qu’il vous a chargés de terminer promptement. Si le Peuple avait le temps de s’assembler pour juger des procès et pour décider des questions d’État, il ne vous eût point confié le soin de ses intérêts. La seule manière de lui témoigner votre fidélité, c’est de faire des lois justes, et non de lui donner la guerre civile. »

Robespierre ne me convainc pas du tout. J’aperçois trop son despotisme. Si les assemblées primaires, dit-il, étaient convoquées pour juger des questions d’État, la Convention serait détruite. C’est clair. Si le Peuple devient législateur, à quoi bon des représentants ? S’il gouverne par lui-même, à quoi bon des ministres ? Si seulement on lui laisse le droit de contrôle, que devient notre autorité ?… Robespierre fut un de ceux qui, à force de prêcher au peuple le respect de la Convention, le déshabituèrent de la place publique, et préparèrent la réaction de thermidor. Il ne lui manqua pour être chef de cette réaction, que de guillotiner ses compétiteurs, au lieu de se faire sottement guillotiner par eux. Sa place alors, en attendant l’invincible empereur, était marquée dans un Triumvirat ou un Directoire. Il n’y aurait eu rien de changé dans les destinées de la République ; il n’y aurait eu qu’une palinodie de plus.

Enfin, dit-on, le peuple n’a pas le temps !… C’est possible ; mais ce n’est pas une raison pour que je m’en rapporte à Robespierre. Je veux traiter moi-même, vous dis-je, et puisque législation il y a, être mon propre législateur. Commençons donc par écarter