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de lois ? comment seraient-elles simples ? comment la meilleure loi ne serait-elle pas bientôt détestable ?

On parle de simplification. Mais si l’on peut simplifier en un point, on peut simplifier en tous ; au lieu d’un million de lois, une seule suffit. Quelle sera cette loi ? Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse ; faites à autrui comme vous désirez qu’il vous soit fait. Voilà la loi et les prophètes. Mais il est évident que ce n’est plus une loi, c’est la formule élémentaire de la justice, la règle de toutes les transactions. La simplification législative nous ramène donc à l’idée de contrat, conséquemment à la négation de l’autorité. En effet, si la loi est unique, si elle résout toutes les antinomies de la société, si elle est consentie et votée par tout le monde, elle est adéquate au contrat social. En la promulguant, vous proclamez la fin du Gouvernement. Qui vous empêche de la donner tout de suite, cette simplification ?…


3. La Monarchie Constitutionnelle.


Avant 89, le Gouvernement était en France ce qu’il est encore en Autriche, en Prusse, en Russie, et dans plusieurs autres pays de l’Europe, un Pouvoir sans contrôle, entouré de quelques institutions ayant pour tous force de loi. C’était, comme disait Montesquieu, une monarchie tempérée. Ce gouvernement a disparu avec les droits féodaux et ecclésiastiques qu’il s’avisa mal à propos, mais fort consciencieusement, de vouloir défendre ; il fut remplacé, après de fortes secousses et de nombreuses oscillations, par le Gouvernement dit représentatif ou monarchie constitutionnelle. Dire que la liberté et le bien-être du Peuple y gagnèrent quelque chose, abstraction faite de la purge des droits