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de 20 tant sur le besoin que sur la capacité. C’est, en d’autres termes, le débat si connu de l’offre et de la demande. Qui jugera entre la société et moi ?

Si la société veut faire prévaloir, malgré ma protestation, son sentiment, je la quitte, et tout est dit. La société finit faute d’associés.

Si, recourant à la force, elle prétend me contraindre ; si elle m’impose le sacrifice et le dévouement, je lui dis : Hypocrite ! vous avez promis de me délivrer de l’exploitation du capital et du pouvoir, et voici qu’au nom de l’égalité et de la fraternité, à votre tour vous m’exploitez. Autrefois, pour me voler, on surfaisait aussi ma capacité, on atténuait mes besoins. On me disait que le produit me coûtait si peu ! qu’il me fallait pour vivre si peu de chose ! Vous agissez de même. Quelle différence y a-t-il donc entre la fraternité et le salariat ?

De deux choses l’une : ou l’association sera forcée, dans ce cas c’est l’esclavage ; ou elle sera libre, et alors on se demande quelle garantie la société aura que l’associé travaille selon sa capacité, quelle garantie l’associé aura que l’association le rémunère suivant ses besoins ? N’est-il pas évident qu’un tel débat ne peut avoir qu’une solution ? c’est que le produit et le besoin soient considérés comme expressions adéquates, ce qui nous ramène purement et simplement au régime de la liberté.

Qu’on veuille donc y réfléchir. L’association n’est point une force économique : c’est exclusivement un lien de conscience, obligatoire au for intérieur, et de nul effet, ou plutôt d’un effet nuisible quant au travail et à la richesse. Et ce n’est point à l’aide d’une argumentation plus ou moins habile que je le prouve : c’est le résultat de la pratique industrielle, depuis