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tous les objets de consommation. Chez les tailleurs, il y a un rouage de plus, d’une grande portée, mais qui, dans l’état actuel des choses, n’ajoute guère à leurs avantages, c’est le bon de consommation. Supposons que tous les marchands, fabricants et industriels de la capitale prennent vis-à-vis du public, et les uns envers les autres, un engagement semblable à celui que les boucheries sociétaires, le fondateur de la Ménagère, les tailleurs de la Réciprocité prennent envers leurs clients, l’association serait alors universelle. Mais il est clair qu’une pareille association n’en serait pas une ; les mœurs commerciales seraient changées, voilà tout ; la réciprocité serait devenue une loi, et tout le monde serait libre, ni plus ni moins qu’auparavant.

Ainsi, bien que je sois loin de prétendre que l’association disparaisse jamais du système des transactions humaines, puisqu’au contraire j’admets des circonstances où elle est indispensable, je puis constater, sans craindre de démenti, que le principe sociétaire se démolit de jour en jour par sa pratique même ; et tandis qu’il y a trois ans à peine les ouvriers tendaient tous à l’association fraternelle, ils convergent aujourd’hui vers un système de garanties qui, une fois réalisées, rendra dans une foule de cas l’association superflue, en même temps, notons ce point, qu’il la réclamera pour d’autres. Au fond, les associations existantes n’ont d’autre but, en formant une masse inéluctable de producteurs et de consommateurs en rapport direct, que d’amener ce résultat.

Que si l’association n’est point une force productrice, si tout au contraire elle constitue pour le travail une condition onéreuse dont il tend naturellement à se délivrer, il est clair que l’association ne peut pas être