Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Comme c’est surtout dans l’intérêt de la classe travailleuse que je suis entré dans cette discussion, je ne finirai pas sans dire quelque chose encore des associations ouvrières, des résultats qu’elles ont obtenus, du rôle qu’elles ont à jouer dans la Révolution.

Ces sociétés ont été formées, en grande majorité, d’hommes imbus des théories fraternitaires, et convaincus, bien qu’ils ne s’en rendissent pas compte, de l’efficacité économique du principe. Généralement, elles ont été sympathiquement accueillies ; elles ont joui de la faveur républicaine qui leur a valu à toutes, dès l’abord, un commencement de clientèle ; la réclame dans les journaux ne leur a pas non plus manqué : tous éléments de succès dont on n’a pas assez tenu compte, mais parfaitement étrangers au principe.

Maintenant, où en est l’expérience ?

Parmi ces sociétés, bon nombre se soutiennent et promettent de se développer encore : on sait pourquoi.

Les unes se sont composées des ouvriers les plus habiles dans la profession ; c’est le monopole du talent qui les fait aller.

D’autres ont attiré et conservent la clientèle par le bon marché ; c’est la concurrence qui les fait vivre.

Je ne parle pas de celles qui ont obtenu des commandes et un crédit de l’État : encouragement purement gratuit.

Généralement, enfin, dans toutes ces associations, les ouvriers, pour se passer des intermédiaires, commissionnaires, entrepreneurs, capitalistes, etc., qui, dans l’ancien état de choses, s’interposent entre le producteur et le consommateur, ont dû travailler un peu plus, se contenter d’un moindre salaire. Il n’y a rien là que de fort ordinaire en économie politique et qui,