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sultat peut être obtenu sans association, on préfère ne pas s’associer. L’association est un lien qui répugne naturellement à la liberté, et auquel on ne consent à se soumettre qu’autant qu’on y trouve une indemnité suffisante, en sorte qu’on peut opposer à toutes les utopies sociétaires cette règle pratique : Ce n’est jamais que malgré lui, et parce qu’il ne peut faire autrement, que l’homme s’associe.

Distinguons donc entre le principe d’association, et les moyens, variables à l’infini, dont une société, par l’effet de circonstances extérieures, étrangères à sa nature, dispose, et parmi lesquels je range au premier rang les forces économiques. — Le principe, c’est ce qui ferait fuir l’entreprise, si l’on n’y trouvait pas d’autre motif ; les moyens, c’est ce qui fait qu’on s’y résout, dans l’espoir d’obtenir, par un sacrifice d’indépendance, un avantage de richesse.

Examinons, en effet, ce principe : nous viendrons ensuite aux moyens.

Qui dit association, dit nécessairement solidarité, responsabilité commune, fusion, vis-à-vis des tiers, des droits et des devoirs. C’est bien ainsi que l’entendent toutes les sociétés fraternitaires, et même les harmoniennes, malgré leur rêve de concurrence émulative.

Dans l’association, qui fait ce qu’il peut fait ce qu’il doit : pour l’associé faible ou paresseux, et pour celui-là seulement, on peut dire que l’association est productive d’utilité. De là l’égalité des salaires, loi suprême de l’association.

Dans l’association tous répondent pour tous : le plus petit est autant que le plus grand ; le dernier venu a le même droit que le plus ancien. L’association efface toutes les fautes, nivelle toutes les inégalités ;