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par une inondation ; que le prolétaire sans domicile tombe à la charge du domicilié ; qu’il est du devoir des autorités administratives de pourvoir à ce que les travailleurs soient logés selon la nature et les exigences de leur état ; qu’un maire, un préfet, peuvent et doivent en certains cas, obliger, moyennant loyer, le citoyen riche à héberger le citoyen pauvre ; ordonner la restauration d’une propriété, aux dépens du propriétaire intéressé qui la laisse dégrader et enlaidir, aussi bien que la démolition d’une masure qui gêne l’alignement d’une rue ; veiller enfin à ce que chacun use de ses biens, selon les prescriptions et pour le plus grand avantage de l’industrie, de l’architecture, du commerce, de la morale et de l’hygiène.

C’est là ce que les économistes égalitaires appellent discipliner la possession, ou, en d’autres termes, abolir la propriété. Qu’a donc cette abolition de si effrayant ?

Mais ils ajoutent, ces économistes, que pour réussir dans cette entreprise, il faut s’abstenir par-dessus toute chose de partager les biens et de faire une loi agraire ; qu’il faut entretenir, avec l’esprit national, l’esprit de famille, et au lieu de changer le système des institutions, développer toutes les institutions.

Les économistes, messieurs les jurés, peuvent se tromper, et je me doute que vous n’ajoutez pas la moindre foi aux choses que je vous annonce. Mais enfin, leur erreur est au moins fort innocente, puisqu’au lieu de tendre à détruire, elle tend à conserver.

Et ce que je dis ici n’est pas un subterfuge imaginé pour le besoin de ma cause ; ce n’est pas davantage une tactique d’opposition ; plût à Dieu que les radicaux eussent suivi une tactique pareille ! Il y a longtemps que nous ne disputerions plus, que le gouvernement serait tranquille, et les personnes royales en sûreté. Ce que je viens de dire pour ma défense, depuis deux ans je ne cesse de le répéter : je vais, entre autres preuves, donner lecture d’une lettre adressée par moi à M. le Ministre de l’intérieur, quelques jours avant la saisie de l’ouvrage qui vous est déféré. Vous verrez comment, après avoir détruit le