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ÉVOLUTION HISTORIQUE

nerie ; à leur place, l’humanité industrieuse, savante, positive : voilà le nouveau domaine de l’art et sur quoi devra s’exercer l’idéal. Certes ceci est un peu plus difficile que tout l’art des Égyptiens, des Grecs, des chrétiens et’de la Renaissance réunis- : l’art.qui prend pour sujet, matière et moyen, le train de la vie ordinaire est plus difficile que celui qui s’alimente d’allégories, de formes idéales et de pensées béatifiques. Mais telle est la loi : il n’y a pas à reculer. Ce qu’il nous faut, c’est un art pour ainsi dire pratique, qui nous suive dans toutes nos fortunes ; qui, s’appuyant à la fois sur le fait et sur l’idée,, ne puisse plus être débordé tout à coup et brisé par l’opinion ; mais qui progresse comme la raison, comme l’humanité. A lui de nous montrer enfin dans sa dignité, trop longtemps méconnue, l’homme, le citoyen, le savant, le producteur ; à lui de travailler désormais au perfectionnement physique et moral de l’espèce, non plus par d’obscurs hiéroglyphes, des figures érotiques ou d’inutiles spiritualités ; mais par d’intelligentes et vives représentations de nous-mêmes ; à lui, dis-je, de nous avertir, de nous louer, de nous reprendre, de nous faire rougir, en nous présentant le miroir de notre conscience. Infini dans -sa donnée, infini dans son développement, un tel art sera à l’abri de toute corruption spontanée : il ne saurait déchoir ni périr.

Rien de nouveau dans l’art, pas plus que dans la