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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

L’enfer et la. béatitude éternelle,

La résurrection,

La gratuité du salut,

La terreur des peines,

La miséricorde infinie,

Le salut par le Christ, sa vie, sa passion, sa mort, La nécessité du repentir et son efficacité auprès de Dieu.

Cicéron, Virgile, revenant sur la terre, ne comprendraient mot à ces paroles, à ces rimes étranges ; ils diraient : Voces quidem latinœ, sermo autem barbarus, ignotus.

Pour moi, je l’avoue, me plaçant successivement à tous les points de vue, je trouve autant d’art dans le Dies irœ, le Lauda Sion, que dans les plus belles odes d’Horace ; dans la statuaire du moyen âge que dans la grecque.

Les mêmes causes qui, après avoir exalté l’art en Égypte et en Grèce, déterminèrent sa chute irrévocable, devaient le précipiter encore chez les chrétiens. L’humanité devait se lasser bientôt de ce régime de pénitence, qui n’eût pas duré âge d’homme, si à l’enseignement ecclésiastique n’était venue s’ajouter la constitution féodale ; si, tandis que la multitude assistait aux mystères, la noblesse n’avait cultivé dans ses châteaux la gaie science ; si, au moindre mouvement que faisaient les villes pour s’émanciper, barons