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ÉVOLUTION HISTORIQUE

encore sur une troisième. Puis, après ces six strophes, les mêmes mélodies recommencent dans le même ordre jusqu’à trois fois. Cette variété dans la monotonie des rimes et du chant produit la mélodie la plus effrayante, la plus douloureuse qu’on ait jamais imaginée. Aussi, dans le Dies iræ, la musique ne doit pas se séparer des parole’s. Les deux dernières strophes sont écourtées : elles n’ont chacune que deux vers, deux rimes, au lieu de trois ; puis, après ces deux strophes, un dernier cri en trois paroles, sans rime, mesure rompue. Les derniers accents des chantres et des choristes et les derniers sons de l’orgue s’arrêtent ensemble, dans une note sombre dirigée sur la pensée de l’éternité ; je ne connais vraiment rien, ni dans les psaumes, ni dans les Latins, ni dans les Grecs, ni dans les Français, qui soit de cette force : la description du jugement est effrayante ; la prière du défunt, avec ses répétitions en mode hébraïque, encore plus lugubre ; à la troisième strophe, on croit entendre le résonnement de la trompette finale à travers les sépulcres des régions (sans habitants ) ; ce vers : Per sepulcra regionum, est le sublime de la désolation et de la mort.

Du reste, tous les dogmes principaux du christianisme se trouvent résumés dans cette ode unique, et c’est ce qui en fait le caractère extraordinaire :

La fin du monde,

Le jugement dernier.