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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

l’influence réciproque du moral et du physique dans l’homme, on peut dire que cette création de nous-mêmes, commencée dans la conscience, finit par embrasser le corps.L’artiste est un des principaux agents de cette création ; il la pressent, la devine, la provoque,la devance ; il est d’autant plus créateur qu’il a mieux lu au fond de l’âme universelle, et qu’il l’a mieux révélée par ses œuvres.

Que la bohème et l’Académie se scandalisent de mes propositions ; les esprits droits comprendront la grande. pensée de mon livre : réconcilier l’art avec le juste et l’utile. Jusqu’ici, en effet, l’art demeurait dans une sphère mystique, transcendantale ; les artistes formaient un monde à part, en dehors de la vie humaine, en dehors de la raison pratique, des affaires et des mœurs. On s’indignait à la seule pensée d’un but, d’une fin, d’une utilité quelconque de l’art. Ceux qui s’y dévouaient semblaient être d’une autre espèce que le commun des mortels, dont les lois ne semblaient pas faites pour eux ; ils avaient leurs mœurs à part. Aussi, tandis que les gens d’art et de lettres méprisaient le monde des industrieux, bourgeois et autres, ils en étaient méprisés à leur tour : la qualité d’artiste était presque devenue un titre à la mésestime, à la déconsidération.

Tout cela maintenant est fini. Un artiste sera désormais un citoyen, un homme comme un autre ; il suivra les mêmes règles, obéira aux mêmes principes, res-