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ÉVOLUTION HISTORIQUE

bout d’art. Que voulez-vous qu’on invente encore ? Il n’y a pas trente-six manières de filer et de détacher des colonnes, de leur donner une base, un chapiteau ; d’élever un dôme ou une cave, d’établir un pont, un aqueduc... Nous nous obstinons à demander du nouveau aux architectes : ils ne peuvent nous donner raisonnablement que de l’ancien. Après nous avoir fait du grec et du romain, ils nous ont fait du gothique et de la Renaissance. Maintenant que nous sommes blasés sur toutes ces imitations, ils nous donnent de l’oriental. À la : place de la voûte ronde, ovale ou surbaissée, ils nous font des oignons, des bulbes de tulipes. Plus nous leur demanderons du nouveau, plus, pour nous satisfaire, ils tomberont dans l’irrationnel et dans l’absurde, dans le ridicule et dans le laid.

Sans doute ! mais que prouve tout ceci ? Que son but une fois rempli, l’utile une fois réalisé, l’art, comme recherche d’expression, doit savoir s’arrêter ; qu’autrement il dégénère en enfantillage ; que, dans le régime actuel, les encouragements, fort mal entendus, encore plus inutiles, donnés à l’art, sont une mystification.

Rendons-nous compte des choses en les prenant de plus haut.

Quel est le but de ce grand développement de littérature, auquel nous assistons en France depuis le dix-septième siècle ?

C’est de nous apprendre ceci : qu’un honnête homme