Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/356

Cette page n’a pas encore été corrigée
344
ÉVOLUTION HISTORIQUE

Napoléon est représenté en empereur romain, dit-on ; pourquoi pas plutôt en empereur des Français ? Que signifie cette allusion aux Césars ? Est-ce parce que Napoléon III écrit l’histoire du premier d’entre eux ? Est-ce un pronostic ? un symbole ? un mythe ? une espérance ?...

Ce prétendu empereur romain porte le globe surmonté de la croix. De mauvais plaisants ont dit qu’il ressemblait à un homme en déshabillé, tenant son bougeoir à la main et qui allait se coucher. Comment cet empereur prétendu romain peut-il être orné de cet insigne, qui fut celui de Charlemagne, l’empereur catholique, et de ses descendants ? Quel est ce mélange d’empire chrétien, papal, et d’empire césarien, polythéiste ? Car c’est bien pour tout le reste un empereur romain qu’on a voulu faire, à l’instar de ceux dont il nous reste des effigies : cuirasse sur la poitrine, jupe, jambes nues. Ici la cuirasse bombée semble empruntée aux musées impériaux ; la jupe, montée trop haut, jusqu’au creux de l’estomac, comme les robes affreuses du premier empire, donne à l’empereur la tournure d’un cuisinier. Vu de loin, on le prendrait pour un zouave, à la veste collante par en haut, flottante par en bas, qui se confond avec le large pantalon, au-dessous duquel paraissent les jambes ; et la tête emmanchée sur un long cou, comme celle d’un vautour sur son cou pelé.