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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

c’est donc un pont pour les voitures. Quel chemin leur épargne-t-il ? Aucun. Aurait-il été uniquement construit pour recevoir le nom d’une bataille gagnée par Napoléon III ? Ce qui porte à le supposer, ce sont les douze socles qu’on y avait ménagés, six de chaque côté, pouvant-recevoir chacun une Victoire et en porter le nom. Malheureusement les victoires qu’on a voulu illustrer ne sont qu’au nombre de six : Montebello, Palestro, Turbigo, Magenta, Melegnano, Solferino. Comment s’est-on tiré de la difficulté ?. En répétant deux fois chaque nom sur le monument. C’est risible 1 On aurait pu tout aussi bien les répéter dix fois : cela aurait fait un kaléidoscope.

Pourquoi un pont de Solferino et un pont de l’Aima ; un boulevard de Magenta et un boulevard de Sébastopol ? pourquoi une rue de Turbigo ? On peut me répondre : Parce que nous avons déjà un pont d’Austerlitz et un pont d’Iéna ; une rue de Castiglione et une rue de Rivoli. Mais pourquoi, sous Louis XIV, n’avions-nous pas une rue de Rocroi, une rue de Denain ? Parce que le bon sens disait que, pour être logique, il eût fallu avoir aussi une rue de Bleinheim.. On laissait aux annalistes le soin de raconter les victoires et les défaites. Pourquoi n’en avons-nous pas usé de même ? Mon orgueil de patriote est satisfait de lire sur les plans de Paris les rues de Rivoli, de Castiglione, d’Austerlitz et autres. Mais, pour être justes envers l’empereur et en-