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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

vrage, en indiquant la substance et en donnant l’analyse.

La destination de l’obélisque n’était donc pas seulement architecturale ou artistique ; elle avait un but mnémonique, un caractère positiviste. La forme était celle d’une aiguille, parce que les caractères se lisaient de haut en bas, et que l’élévation offrait ici plus d’avantage à l’écriture que la dimension horizontale. Les obélisques étaient couplés comme les deux battants de la porte, parce que la symétrie le voulait ainsi.

Or, voyez le singulier peuple que nous sommes ! Nous avons été chercher à grands frais, avec la permission du pacha d’Egypte, Arabe ou Turc d’origine, qui se moque des antiquités, un des obélisques du temple de Louqsor ; nous l’avons dressé au milieu de la place de la Concorde, où il fait une aussi étrange figure que ferait un prie-Dieu dans la salle de la Bourse ; et nous avons eu grand soin de mettre sur le piédestal de ce singulier monument, d’un côté une inscription qui indique l’année, le règne, sous lequel fut amené l’obélisque ; de l’autre, la figure des machines qui servirent à son érection : en sorte que nous avons l’air de l’avoir transporté à Paris uniquement pour nous donner le plaisir de voir comment un ingénieur, sorti de’ notre École polytechnique, parviendrait à le dresser ! Certes, je ne mets pas la civilisation française au-dessous de celle des Égyptiens de