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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

comme, par exemple, lorsque le confesseur, exhortant une vieille à l’article de la mort, lui demande sa fortune pour l’Église.

Les tableaux de religion, c’est un fait reconnu par tous, sont aujourd’hui d’une médiocrité désespérante. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a plus de conscience religieuse, ni chez les artistes ni dans la masse.

L’art dépérit promptement quand il cesse d’intéresser vivement la conscience, quand il lui devient indifférent, quand il n’est plus pour elle qu’un’ objet de curiosité ou de luxe. En dépit de la valeur qu’ils ont pu acquérir comme hommes de métier, nos artistes seront donc toujours inférieurs aux anciens lorsqu’ils voudront refaire leurs œuvres. Non-seulement ils leur sont inférieurs, mais encore ils nous intéressent bien moins.

Que me fait l’art égyptien avec ses pyramides et ses symboles ? Sujet d’étude historique, d’archéologie, d’histoire de l’âme et de l’art lui-même, il est pour moi objet de curiosité pure. Mais après ? Est-ce que ma conscience ressemble à une conscience égyptienne ?

Que me font les monuments de l’art grec lui-même ? Je puis bien, par comparaison, juger que les artistes grecs étaient incomparablement plus habiles que les Égyptiens ; que leurs œuvres sont plus belles, dénotent un sentiment plus profond et plus pur du beau, par conséquent témoignent d’un progrès de l’art. J’en