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ÉVOLUTION HISTORIQUE

civique est anéanti, la vertu privée en souffrance, la race déprimée, tous les sentiments faussés et dépravés, je dis que, loin d’en faire un sujet de dissimulation, il faut commencer par dire et montrer la chose telle qu’elle est. Autrement c’est se moquer de nous. Il faut nous administrer le foie de morue, et l’on nous propose de l’eau sucrée !... — Notre époque, riche en police. mais vide de principes et de mœurs, calme à la surface, est au fond révolutionnaire. Il faut que l’art le soit aussi. Toute régénération suppose préalablement une mort ; toute restauration une démolition. Voyez le christianisme : lui aussi a conçu l’homme immortel, idéal, vivant au commencement dans un paradis terrestre, et destiné à une félicité surnaturelle. Cependant il prêche confession, absolution, pénitence. La confession, c’est la peinture telle qu’il nous la faut aujourd’hui. Point de quartier !. Courbet a dans la tête des militaires, des magistrats, des académiciens, des électeurs, des candidats, des banquiers, des agioteurs, des professeurs, des ouvriers, des étudiants, des religieuses, des femmes de la halle, du quartier Saint-Germain et du quartier Breda, de la haute industrie et de la racaille, comme il a des curés, des paysans, des prostituées et des bourgeoises. Qu’il nous montre tout ce monde ; qu’il fasse défiler devant nous toutes ces tristes réalités, et nous lui en serons reconnaissants. Qu’il nous scalpe, nous anatomise. nous déshabille :