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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

Raphaël pour produire leurs-chefs-d’oeuvre. Qu’on ne dise donc pas que l’avènement de la nouvelle école constitue une décadence. Malgré la multitude des rapins et des croûtes, nous marchons, nous nous dégageons, nous sommes à cent piques au-dessus des artistes de la première Révolution et du premier Empire : chose dont on ne se doute pas du tout à l’Académie des beaux-arts.

C’est étrangement méconnaître la pensée de l’école critique que de croire qu’elle donne les laideurs morales et physiques dont elle fait la peinture pour des beautés sans pareilles, et qu’elle aspire à changer en cela l’opinion des hommes. Elle soutient, chose incontestable, avouée par tous les temps, que le laid, l’horrible même a son rôle dans l’art ; qu’il n’y sert pas seulement à effrayer les imaginations en leur faisant voir les divers degrés de la dégradation morale et physique, et que de pareilles leçons, aujourd’hui nécessaires, exigent de l’artiste une profondeur d’observation, une puissance de synthèse et d’idéalité supérieures.

Songez que nous ne peignons plus des immortels, affranchis de la laideur, comme de la souffrance et de la maladie, supérieurs à toutes les influences du dehors, dont la nature incorruptible et la forme inaltérable ne peuvent jamais avoir qu’une expression, ni par conséquent différer d’elles-mêmes. Il s’agit de créatures passagères, souffrantes, malades, sujettes à