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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

loppée pour s’être montrée typiquement sur nos visage : les plus honnêtes, les plus savants, les plus braves, les meilleurs, enfin, n’ont bien souvent que des visages vulgaires : rien, du reste, qui les caractérise ; car, comme la conscience humaine ne saurait être toujours tendue ; comme le comble de la vertu, au contraire, est de devenir facile, naturelle, commune ; comme elle ne pose pas à la façon des moines, des prêtres, des héros grecs ou des sénateurs romains, elle ne peut être, au moins jusqu’à nouvel ordre, nettement saisie et fixée par le peintre ; ce qui en rend la reproduction impossible, et tout essai intolérable.

La conclusion de tout ceci est que le comble de l’art, ce sommet auquel doivent aspirer les artistes, est encore loin de nous ; d’autant plus loin qu’il faudra des générations pour créer les types ou modèles, des observateurs très-habiles pour les découvrir, et un public pour les reconnaître et les comprendre.

Que faire donc aujourd’hui ? Attendre que la société, en réformant son organisation économique et politique, ait pu réformer ses mœurs ; qu’en réformant ses mœurs, elle ait pu modifier, recréer les visages. Alors il sera possible au peintre d’observer et de reproduire, Jusque-là, nous ne pouvons que suivre l’œuvre de critique ; nous n’avons pas de béatifications à faire ; nous n’avons à prononcer que des condamnations...