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ÉVOLUTION HISTORIQUE

Quiconque méconnaît cette vérité cherche le péril et succombera infailliblement. Mais la vie parfaite,selon l’Église, est une vie de contemplation et de foi ; les fonctions du ministère sacré ne sont pas de l’action, mais de l’adoration ; la théologie n’est pas une science, c’est un mystère. Certes, la vertu sacerdotale, là où elle se rencontre, est admirable ; elle tient du miracle : mais, de même que l’art qui se livre à la tyrannie de l’idéal, elle repose sur le vide, et c’est ce qu’a supérieurement observé Courbet. Entre le prêtre, dont la conscience n’est affermie qu’en Dieu, et l’artiste, dont le génie ne se repaît que d’idéalités formelles, spirituelles, d’idoles, l’analogie est complète : ils périront l’un et l’autre de la même dissolution.

La scène qu’a représentée Courbet en est un exemple. Est-ce que des membres de l’Institut, dînant ensemble à la suite d’une discussion, se griseraient ? Le fait est possible ; il ne se suppose pas. Et quand,par hasard, ce petit malheur serait arrivé à l’un d’eux, que s’ensuivrait-il, soit pour la moralité du personnage, soit pour le scandale donné au public ? Absolument rien : ce serait comme la colique, l’indigestion, le rhumatisme, un accident qu’on ne relèverait même pas. Tant nous sommes convaincus, dans notre for intérieur, que le péché n’approche que très-difficilement l’homme d’action et d’idée. Travaillez, pensez, méditez, observez, aimez dans la mesure des affections lé-