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ÉVOLUTION HISTORIQUE

qu’elles fussent, entourées d’une auréole d’amour, plus belles que nature, en un mot, idéales. C’était l’enfance de l’art, si vous voulez ; mais l’enfance aime la beauté, et elle s’y connaît. Allez-vous donc mettre l’enfance hors de la vie humaine ? Et notez ceci, à la justification des anciens artistes : à mesure que l’humanité se dégagera du vice, de la tyrannie et de la misère, nous verrons la figure humaine, je veux dire la figure de l’homme vivant, s’illuminer elle-même, se rapprocher peu à peu de l’effigie qu’elle s’est faite autrefois, comme de son modèle ; réaliser ainsi dans sa propre chair son antique idéal, et y ramener ses nouvelles créations. Ce résultat final est inévitable, à moins de nier -toute espèce de progrès. Nous sommes loin de cet avenir, sans doute : trente siècles de fausse civilisation, accumulés sur nos têtes, réclament de nous d’autres soins.

Tout ceci posé, nous pouvons essayer de définir la nouvelle école et d’en préciser l’idée. Il nous suffit pour cela des quatre premiers tableaux que nous venons d’examiner.

Les œuvres de Courbet ne sont point des caricatures ou des charges : ses partisans et ses adversaires reconnaissent tous qu’il reste dans la vérité réelle, lui faisant même de ce réalisme, les uns un reproche, les autres un éloge. Ce n’est pas de la satire, bien que l’idée satirique ne lui manque pas ; mais elle n’épuise pas sa pensée ; ce n’est qu’une variété dans son œuvre,