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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

aussi bien elles n’y gagneraient pas leur vie. Toutes d’ailleurs sont artistes ; elles ne supporteraient l’ennuyeuse quenouille que si la coquetterie y trouvait son compte, derrière une vitrine, en vue du boulevard. La vous les verriez, d’une main preste et légère, tirer leur lin. Sortez-la de son village, de son foyer champêtre : l’idée de la fileuse succombant au sommeil ne sera plus qu’une image de la paresse domestique ; par conséquent, comme je le disais tout à l’heure et comme le veut la logique de notre faux goût, une provocation à la luxure. La fileuse de Courbet est brune, bien assise, bien colletée ; elle a la taille puissante, les bras robustes, les doigts nourris, la figure candide ; au sein du sommeil, ses habitudes de modestie ne la trahiront pas. La vérité pouvait seule ici, écartant toute pensée impure, suggérer à la fois une idée et un idéal, hors desquels l’art, réduit l’arbitraire, à l’insignifiance. disparaît.

L’Enterrement à Ornons.

C’est, surtout dans l’Enterrement que la pensée de Courbet s’est révélée avec le plus d’audace : je n’excepte pas même le Retour de la conférence, dont je parlerai plus bas. On a rendu généralement justice à cette œuvre, quant au talent de l’artiste, à l’énergie de son pinceau ; et il faut que ce talent soit bien réel pour que la critique se soit laissée aller à de tels aveux : car,