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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

plan incliné pour dresser nos colonnes et nos obélisques ; ou bien encore que l’architecture des Grecs, celle du moyen âge,n’étaient pas à comparer à la leur, parce que ni le temple grec, ni la cathédrale gothique elle-même ne sont à comparer pour la masse à la pyramide égyptienne.Admettant pour vraie la tradition des Géants et des Cyclopes, il est certain que nos forgerons ne seraient pas de taille à manier leurs outils ; mais qu’est-ce que l’industrie de Vulcain, des Telchines et des Cyclopes, en comparaison de notre métallurgie ? Qu’est-ce que la Grèce historique et mythologique peut offrir de comparable à nos machines à vapeur à nos turbines, ou simplement à notre marteau-pilon ? Il en est ainsi de l’art : on ne doit pas le mesurer seulement d’après ses effets ; il faut tenir compte aussi du but, des éléments et des moyens, surtout de la difficulté vaincue. Sous ce rapport, j’ose le dire, nous sommes en progrès sur les anciens. A coup sûr nous n’arriverons jamais, en nous observant nous-mêmes, à nous représenter comme des fils ou des mignons de l’Éternel, ainsi qu’il est arrivé aux Grecs cherchant la figure de leurs dieux dans leur propre figure ;- mais nous ferons penser, parler les images faites de nos mains, comme ne surent jamais faire les chrétiens ni les Grecs. Nous en acquerrons bientôt la preuve.

Quant à la critique que M. Chenavard fait de la