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ÉVOLUTION HISTORIQUE

grand’peine hissés au sommet : image bien autrement vive de la richesse champêtre, qui remplit d’une joie concentrée le cœur du fermier. Léopold Robert a reculé devant cette abondance plantureuse, à côté de laquelle il n’eût su apparemment comment disposer ses personnages, et il a dépensé son talent en une conception fausse et une fantaisie inutile[1].


HORACE VERNET


Un fait qui atteste la vérité de nos principes est l’immense popularité de M. Horace VERNET. De tous les peintres du siècle, il est celui que les masses ont le mieux compris, et qui peut se flatter d’avoir été le plus de son temps, ce qui, du reste, ne lui a pas coûté un grand effort de génie. S’emparant, avec d’autant plus de bonheur qu’il le trouvait en lui-même, d’un trait de notre caractère national, la crânerie ou le chic soldatesque, M. Horace Vernet s’est fait de la peinture militaire une sorte de spécialité, et de l’armée française tout entière, de son histoire, de ses gloires, un patrimoine. Sous ce rapport, du moins, on peut dire de lui qu’il est le peintre national, comme on a dit de Béran-

  1. Il existe de M. MILLET un tableau des Moissonneurs, supérieur, m’a-t-on assuré, à celui de L. Robert, et tout à fait dans la vérité rustique. Je n’ai pu voir ce bel ouvrage, non plus que le Jardinier greffeur du même, et n’en puis par conséquent rien dire. On les cite comme appartenant à la nouvelle école, mal à propos appelée réaliste, dont je parlerai plus bas.