Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée
144
ÉVOLUTION HISTORIQUE

concertés., qu’il y a ici disparate ; en un mot, que cette grande œuvre de l’art français moderne n’a pas d’unité.


LÉOPOLD ROBERT


Changeons de genre. Ce qui m’a d’abord saisi dans le Léonidas de David, dans le Serment du Jeu de paume, dans le Premier consul gravissant les Alpes,c’est l’idéal ; l’irrationalité de l’œuvre ne m’est apparue qu’après coup, à la réflexion. Cette impression idéaliste est généralement la première qui se fasse sentir dans les tableaux des grands maîtres ; cette priorité est due au prestige exercé par la puissance même de l’art. Au contraire, ce qui m’a d’abord frappé dans le frontispice du Panthéon, et dans le groupe de Rude, de l’Arc de l’Étoile, c’est l’irrationalité. Mais de quelque manière que la chose arrive ; que l’irrationalité d’une œuvre d’art se révèle à mon esprit dès le premier moment ou après une longue réflexion, l’effet sera toujours le même : dès lors qu’en moi la raison n’est pas satisfaite, ou, ce qui revient au même, dès qu’elle a cessé de l’être, le goût, qui d’abord s’était laissé prévenir, se met de la partie et fait volte-face ; l’idéal tombe, et je deviens complètement insensible à ce qui d’abord avait entraîné mon imagination et mon cœur. A ce compte, dira-t-on, je ne dois trouver rien de beau dans les arts, puisque, revue faite de l’évolution artis-