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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

ou songe que la statue du malheureux Ney est élevée sur la place même où il fut fusillé après les Cent-Jours. on ne peut s’empêcher de se demander encore si les auteurs de ce monument ont entendu venger la mémoire du guerrier ou expier sa conduite.

L’examen de l’Ârc de triomphe fournirait matière à plus d’une observation critique. Je voudrais savoir, par exemple, ce que signifie ce Napoléon en tunique, personnage moitié allégorique, moitié réel, vers lequelle démon de la guerre dont nous parlions tout à l’heure pousse, au chant de la Marseillaise, la Révolution, pendant que derrière lui, de l’autre côté du monument, se cachent la désolation, le désespoir des mères, le meurtre des enfants et des vieillards. Je sens parfaitement ce qu’il y a d’injurieux pour la gloire impériale dans ces rapprochements ; mais à qui la faute, si ce n’est à la pensée qui a conçu le monument et qui en a réglé la distribution ? Tout monument, expression d’une idée, doit avoir son unité. Cette unité, j’ai d’autant plus le droit de la chercher dans les quatre grands bas-reliefs de l’Arc de l’Étoile, que tous quatre sont plus ou moins allégoriques. Or, qu’arrive-t-il de toutes ces allégories ? C’est que, pour éviter de calomnier l’empereur, je suis obligé de me dire que le ministre a laissé les artistes, auxquels ont été confiés les bas-reliefs, maîtres de choisir chacun son sujet et de l’exécuter comme il l’entendrait ; qu’ils ne se sont pas