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ÉVOLUTION HISTORIQUE

l'expression, l’énergie du mouvement, la violence intime des personnages, les effets de lumière, le luxe de description, l’étrangeté des scènes, qui caractérisent également les peintres et les écrivains de l’école romantique, et qui constituent leur manière ou leur style, Delacroixne fait pas autre chose que ce que faisaient avant lui et que font encore les classiques ; il s’accommode de tous les sujets, sauf à les traiter d’après son impression personnelle : histoire ancienne, mythologie, sujets bibliques et religieux, féeries et romans, scène de la vie contemporaine, tout lui va. Il peint indifféremment la Justice de Trajan, la Bataille de Nancy ou celle de Taillebourg, la Mort de Sardanapale, les Dernières paroles de Marc Aurèle, l’Entrée des Croisés à Constantinople ; — ou bien le Christ en croix, la Résurrection de Lazare, les Disciples d’Emmaüs, Jésus pendant la tempête, Michel terrassant le démon, la Lutte de Jacob, Héliodore chassé du temple par deux anges, Saint Sébastien ; — ou bien encore Hamlet et Ophélie, Lady Macbeth, Othello, Faust, Marguerite et Méphistophélès, la Sibylle, les Adieux de Roméo et Juliette, Médée furieuse, le plafond d’Apollon ; — ou bien enfin une Noce juive an Maroc, les Insurgés sur une barricade, Muley-Abderrhaman. Boissy d’Anglas, le Massacre de Scio, etc. « Delacroix, me dites-vous, est surtout l’homme de notre temps, plein de maladies morales, d’espérances trahies, de sarcasmes, de colères et de