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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

une action dont l’artiste n’a pas été témoin, dont il n’est pas même contemporain, et que la masse de son public ignore, est une fantasmagorie, et, au point de vue de la haute mission de l’art, un non-sens. J’aime, je l’avoue, les belles gravures de l’histoire d’Alexandre d’après les tableaux de Lebrun :mais c’est affaire pour moi de,curiosité,et jusqu’à certain point d’archéologie : c’est que de pareilles estampes, quand elles sont faites avec soin et intelligence, sont, comme les Antiquités de Montfaucon, un moyen d’intéresser l’enfance à l’histoire et aux usages des anciens peuples : c’est que l’homme, parvenu à sa maturité, aime. en revoyant les leçons de ses premières années,à se réjouir dans les admirations de sa jeunesse. Hors de lit, je déclare que ni Lebrun, ni David,ni aucun autre du même genre, ne saurait m’intéresser, et que je ne me dérangerais pas plus pour un Passage du Rubicon que pour un Tête-a-tête de Paris et d’Hélène.

David n’a pas seulement fait des tableaux d’histoire ancienne, il en a fait aussi d’histoire moderne. Citons, entre autres, le Premier Consul gravissant le Saint-Bernard ; le Serment du Jeu de paume ; Marot expirant.

Le premier de ces tableaux est une flatterie qui trahit les habitudes d’esprit emphatico-allégoriques de l’artiste, et qui fait mal à voir quand on se rappelle ses antécédents républicains. (Quoi !c’est David le maratiste, le terroriste, qui donne àla France consulaire cet