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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

et les romantiques. Quelle était la signification de cette controverse et quel en fut le fruit ? Il importe, pour l’intelligence du temps présent et la prévision de l’avenir, que nous le sachions.

On était fatigué de la Grèce et de Rome, fatigué de la Révolution, du dix-huitième siècle et même du dix-septième. Depuis vingt-cinq ans on s’était mis à étudier les nations voisines ; des comparaisons avaient été faites ; par delà l’horizon classique on avait aperçu un monde nouveau. Une idée étrange, l’idée d’un nationalisme artistique et littéraire, était entrée dans les esprits. Or, comme, à l’exception de la Charte constitutionnelle, datée de Saint-Ouen, résumé de la Révolution, tout semblait dater chez nous de la Renaissance et des anciens, on se demandait ce que nous avions produit du nôtre ; en quoi nous étions originaux ; s’il y avait une littérature française, un art français ? Question scabreuse, qui ne tendait à rien de moins qu’à nier la légitimité de tout notre développement artistique et litléraire depuis Louis XIV, pour ne pas dire depuis François Ier, et à nous faire reprendre, sur une donnée inconnue, le fil de notre histoire.

Je vais résumer en quelques lignes l'argumentation des deux écoles.

Les romantiques reprochaient à la tradition établie deux choses : la première, de faire abstraction de quinze siècles d'histoire, d'où résultait l'étroitesse de