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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

l’homme et du citoyen. Mais l’idéal de Lycurgue, de Solon, de Numa, de Platon finit par prévaloir, et l’idée nationale par disparaître sans avoir eu le temps de produire sa langue et ses formes. Mirabeau, toujours applaudi quand il tonne contre le despotisme, n’est plus compris, il éveille la méfiance dès qu’après avoir posé ses prémisses, il essaye de raisonner et de parler constitution. Jamais on n’affecta plus de sensibilité (esthésie et, dans une affaire aussi sérieuse, on ne se montra plus théâtral : de l’ouverture des États généraux jusqu’au 9 thermidor, tout le monde devient acteur. Mais jamais le goût ne fut plus faux, l’éloquence moins naturelle, l’inspiration artistique et littéraire plus nulle. Les seules productions originales’de cette époque en désarroi, — je raisonne bien entendu au point de vue de l’art et du style, — sont la Carmagnole, le Ça ira, les jurons du Père Duchêne, le- drapeau tricolore et la guillotine, dont l’image se trouve, en guise d’illustration, dans les recueils du temps. — Tantôt le peuple, obéissant à la ’voix de ses chefs, se montre superbe d’attitude ; il évolue avec majesté et se livre aux effusions d’un patriotisme puisé dans les meilleurs auteurs ; puis il cède à son instinct, et l’on assiste aux scènes les plus débraillées : l’incendie Réveillon, les exécutions de la lanterne, les émeutes à la porte des boulangers, les visites à Versailles et aux Tuileries, les massacres de septembre. Le Vieux Cordelier amuse par l’accouple-