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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

leur morale, leur architecture ; nous avons eu le mysticisme de sainte Thérèse et de saint François de Sales, continuateurs affadis de la trop célèbre Imitation de Jésus-Christ de Gerson, le quiélisme de Molinos, les Torrents amoureux de madame Guyon et les Maximes piétistes de Fénelon [1], marchant de front avec les galanteries de Ninon et les empoisonnements de la Brinvilliers ; la statuaire de Louis XIV, au type charnu et dodu, imité de madame deMontespan ; la peinture Louis XV, personnifiée dans madame de Pompadour ; la littérature Crébillon, Parny et compagnie ; enfin toutes les dégradations d’un idéalisme emprunté, que n’excusaient ni la spontanéité d’origine, ni aucune des qualités de l’indigénat. .

  1. De tous les écrivains et artistes du siècle de Louis XIV, Fénelon est sans contredit celui qui témoigne le mieux de la confusion des idées et de la dépravation du goût à cette époque.Païen en littérature ; jésuite, féodaliste et rétrograde en politique ; quiétiste en religion et en morale ; unissant dans la même pensée l’idéalisme grec et la spiritualité du moyen âge, Fénelon n’est ni de son temps, ni de son Église, ni de son pays ; il n’a aucune des aspirations secrètes de son époque, aucune intuition de l’avenir. Il a servi la langue et les bonnes études en contribuant plus que personneà transporter dans notre littérature les beautés et la grâce du génie grec ; mais ce travail d’humaniste ne suffit pas pour constituer, aux yeux d’une critique élevée, un écrivain de premier ordre, et lui assigner une place parmi les originaux.