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ÉVOLUTION HISTORIQUE

suivant le mot d’Émeric David. Les dogmes et les cérémonies de la religion, les bacchanales et les sacrifices, les hauts faits des souverains, les joutes et divertissements des seigneurs, les images des dieux et des grands, à l’exclusion de la nation entière : voilà le cadre infranchi par les artistes méridionaux. En France, on n’a jamais peint les Français, je ne dis pas seulement les classes populaires, mais les groupes de tout rang qui constituent cet ensemble varié qu’on appelle la France. » (Musées de la Hollande, par W. BURGER [THORÉ], Paris, J. Renouard, 1858.)

Ainsi, de même ; que la Réforme fut une réaction contre le catholicisme romain, de même l’école hollandaise fut une réaction contre l’art catholique, tant celui de la Renaissance que celui du moyen âge. Cependant la Réforme, par ses origines et par la plupart de ses sectes, était iconoclaste. Ce fut justement ce qui détermina la révolution. L’art ne peut périr : chassé du temple, il devait ressusciter à l’hôtel de ville et au foyer domestique ; condamné dans son vieil idéalisme, il allait renaître dans son humanité positive et rationnelle. C’est cette impiété radicale qui fit d’abord anathématiser. l’originalité hollandaise, comme dit W. Bürger, dans les pays catholiques, et, « sous prétexte, tantôt d’ignorance et de dérèglement, tantôt de bassesse et d’immoralité, tantôt de fantaisie et tantôt de matérialisme grossier, ici au nom d’Apollon, la au