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jet dégénère en un contrat de pure bienfaisance, lorsque, par l’ineptie ou l’idolâtrie des citoyens, le prince est sollicité à s’emparer de l’autorité et à se charger de ses sujets, inhabiles à se gouverner et à se défendre, comme un berger de son troupeau. C’est bien pis là où le principe d’hérédité est admis. Un conspirateur comme le duc d’Orléans, plus tard Louis XII, un parricide comme Louis XI, une adultère comme Marie-Stuart, conservent, malgré leurs crimes, leur droit éventuel à la couronne. La naissance les rendant inviolables, on peut dire qu’il existe entre eux et les sujets fidèles du prince auquel ils doivent succéder, un quasi-contrat. En deux mots, par cela même que l’autorité est prépondérante, dans le système monarchique, le contrat n’est pas égal.


Le contrat politique n’acquiert toute sa dignité et sa moralité qu’à la condition 1o d’être synallagmatique et commutatif ; 2o d’être renfermé, quant à son objet, dans certaines limites : deux conditions qui sont censées exister sous le régime démocratique, mais qui, là encore, ne sont le plus souvent qu’une fiction. Peut-on dire que dans une démocratie représentative et centralisatrice, dans une monarchie constitutionnelle et censitaire, à plus forte raison dans une république communiste, à la manière de Platon, le contrat politique qui lie le citoyen à l’État soit égal et réciproque ? Peut-on dire que ce contrat, qui enlève aux citoyens la moitié ou les deux tiers de leur souveraineté et le quart de leur produit, soit renfermé dans de justes bornes ? Il serait plus vrai de dire, ce que l’expérience confirme trop souvent, que le contrat, dans tous ces sys-