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Si la condition de paria, à laquelle le projet Lincoln vouerait le Noir, ne serait pas pire, pour cette race mineure, que la servitude ;


Si cette émancipation dérisoire n’est pas pour le Nord une honte, et ne donne pas moralement gain de cause à la revendication du Sud ;


Si fédéraux et confédérés, combattant uniquement pour le genre de servitude, ne doivent pas être déclarés, ex æquo, blasphémateurs et renégats du principe fédératif, et mis au ban des nations ;


Si la presse d’Europe qui par ses excitations, par son unitarisme et ses tendances anti-égalitaires, s’est faite leur complice à tous, ne mérite pas elle-même la flétrissure de l’opinion ?


Et généralisant ma pensée, je demande à M. Fr. Morin :


S’il croit que l’inégalité des facultés entre les hommes soit telle qu’elle puisse légitimer une inégalité de prérogatives ;


Si l’inégalité de fortunes, à laquelle l’inégalité des facultés sert de prétexte et qui crée dans la société de si redoutables antagonismes, n’est pas beaucoup plus l’œuvre du privilége, de la ruse et du hasard, que celle de la Nature ;


Si le premier devoir des États n’est pas en conséquence de réparer, par les institutions de la mutualité et par un