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talent, la moralité et l’industrie que la blanche, et que plus d’une fois déjà elle lui a été d’un inappréciable secours pour la retremper et la rajeunir.


Je demande donc à M. Fr. Morin :


Si les Américains, après avoir enlevé de vive force les Noirs à leur pays d’Afrique pour les faire esclaves sur la terre d’Amérique, ont le droit de les expulser aujourd’hui qu’ils n’en veulent plus ;


Si cette déportation, qui ne fait que renouveler en sens inverse le fait odieux du premier enlèvement, ne constitue pas, chez les soi-disant abolitionnistes, un crime égal à celui des négriers ;


Si, par un siècle de servitude, les Nègres n’ont pas acquis droit d’usage et d’habitation sur le sol américain ;


S’il suffirait aux propriétaires français de dire aux prolétaires leurs compatriotes, à tous ceux qui ne possèdent ni capital ni fonds et qui subsistent du louage de leurs bras : « Le sol est à nous ; vous ne possédez pas un pouce de terre, et nous n’avons plus besoin de vos services : partez ; » — pour que les prolétaires déguerpissent ;


Si le Noir, aussi libre que le Blanc de par la nature et de par sa dignité d’homme, peut, en recouvrant la possession de sa personne momentanément perdue, être exclu du droit de cité ;


Si ce droit ne lui est pas acquis par le double fait de sa mise en liberté récente et de sa résidence antérieure ;